Épisode 002

Ghost In The Voice

22 septembre 2017

Vignette de l'épisode

"Vous n'avez pas de nouveaux messages."

Lu. ✓✓
Lu. ✓✓
Lu. ✓✓

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Transcription

Afin de faciliter l'accès à ce podcast aux personnes sourdes et malentendantes, chaque épisode de "J'aime Pas Ma Voix" est aussi disponible au format texte.

Néanmoins, les émotions et les intentions ne sont pas retranscrites, afin de laisser l'espace nécessaire à l'interprétation de chacun•e.

En ce moment, je suis en train de me faire ghoster.
Enfin... je veux dire que depuis le 25 août dernier, une fille avec qui je parlais pratiquement tous les jours par message, et avec laquelle il y avait clairement un début de quelque chose, a littéralement disparu sans me donner la moindre explication.
Et ça fait chier.

Et attention, ce n'est pas comme s'il y avait une ambiguïté sur qui pouvait ghoster qui.
Non non...
Entre temps, j'ai eu le temps de lui envoyer quelques messages qui n'ont donc pas eu la moindre réponse.
Trois putains de messages avec la putain de notification "lu".

Donc oui, je le redis, ça fait chier.

Parce que même si depuis, je ne me réveille pas tous les matins en me demandant si par hasard, elle m'a envoyé un message durant la nuit, et que ça ne m'empêche absolument pas de vivre... ben je constate que ça m'a blessé, que ça me blesse encore, et que je n'ai même pas le luxe de pouvoir m'en plaindre, sachant que de toute façon, ça ne suscitera pas chez elle une réaction qui aujourd'hui, me conviendrait.

Mais voilà, par respect pour toutes les personnes qui pensent que c'est un bon conseil de dire ça, au quotidien, sachez que je tente de prendre (un peu) sur moi.
Je dis bien "un peu", puisque manifestement, je fais quand même la connerie d'en parler ici, en vous avouant quand même que j'espère un peu qu'elle écoutera ceci et qu'elle se sentira un peu mal d'avoir fait ça.

Je sais, c'est puérile.
Et rassure-toi.
Je ne vais pas dire ton nom.
Parce que j'ai bien sûr été à ta place.

Du coup, oui, on pourra me dire que ça va, que je peux m'en remettre, qu'elle ne me devait absolument rien, et que ça arrive à tout le monde au moins une fois.

Sauf que... voilà.
Faut arrêter de se dire qu'on ne se doit rien.
On se doit un minimum de respect déjà.
Et je me fous un peu que ça arrive à tout le monde.
Ou plutôt, disons que ça m'énerve, et que ça me peine de savoir que ça arrive tellement à tout le monde, qu'il y a désormais un terme anglophone universel pour décrire ça.
Et surtout, non, ça n'est pas la première fois que ça m'arrive.
On peut même dire que ça s'est plutôt pas mal multiplié ces dernières années, puisque comme tout le monde (et même si je me déteste un peu pour ça), je "rencontre" pas mal de filles avec l'aide des sites et des applications de rencontres.

Ce qui fait, bizarrement, un petit paquet de conversations qui se sont terminées de façon un peu brutale.

Alors non, je ne parle pas de toutes ces discussions qui n'ont jamais vraiment commencé ni de celles qui se résument à un échange de messages d’environ six mots, tous les trois jours, des deux côtés. Et encore moins des disparitions subtiles qui, en fait, arrangent implicitement les deux parties.

Non, là, je parle de ces beaux échanges, quotidiens, qui commencent par un bonjour au réveil, et un "j'ai vraiment pas envie de te quitter" le soir.
Ceux qui font qu'on peut même être véritablement intéressé par ce qu'il se passe au boulot de l'autre, alors qu'on en est encore au stade de remonter discrètement la conversation sur plusieurs jours, pour justement se souvenir de ce qu'elle fait, en fait, comme boulot.

Ben ces échanges là, à plusieurs reprises dans ma vie numériquement amoureuse, se sont terminés par moi...
... qui envoie trois messages...
... dans le vide...
... puis plus rien.

Alors, forcément, je ne suis pas si con que ça, je fais partie de ces personnes qui se disent que si ça arrive aussi souvent, c'est finalement peut-être eux, le problème.

Peut-être.
Dans certains cas, j'ai des doutes sur le sujet, mais peut-être.
Et donc ?
En quoi ça explique le fait que c'est finalement acceptable, de ghoster quelqu'un ?
Est-ce trop demander d'avoir au moins un message disant "au fait, je ne veux plus te parler" ?

Ça serait rude, mais au moins, ça éviterait déjà de se poser des questions pendant des jours pour savoir si oui ou non, la conversation va reprendre à un moment.
Et puis, soyons fous, et si vraiment l'interlocuteur est d'humeur charitable, ça serait bien qu'il nous donne, au moins, un semblant d'explication.

Parce que ok, peut-être que la personne ghostée le mérite.
Mais dans ce cas, lui dire pourquoi, c'est peut-être aussi lui donner l'occasion de changer, de s'améliorer, ou de passer rapidement à autre chose, non ?
Je sais pas, je demande.
Naïvement.

Non, en fait, le pire dans tout ça, c'est que je ne comprends pas comment, en 2017, et après un très grand nombre de relations désastreuses, on en arrive encore à ce genre de lâcheté entre nous. Et je me mets bien évidemment dans le lot.

On en parle, on se débriefe les pires situations dans lesquelles on a pu être, ou pire, qu'on a fait subir. On se regroupe par communauté sur le web, on regarde des séries qui nous parlent de nos différentes façons d'aimer actuellement. On est capable de savoir comment on drague dans les pays à l'extrême opposé du nôtre via des vidéos Youtube, et pourtant, non, ça ne nous empêche absolument pas de merder encore et encore.

Par exemple, en ghostant quelqu'un.
...
...
...
...
Ouais, non, je crois que ça me fait encore un peu chier, cette histoire.

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