Épisode 017

Nude

09 novembre 2018

Vignette de l'épisode

"Quand elle s'est mise à demi-nue, elle m'a ému, elle m'a eu..."

Puisque je m'aventure à me dévoiler vocalement chaque jour un peu plus, peut-être devrais-je passer à l'étape au-dessus...

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Transcription

Afin de faciliter l'accès à ce podcast aux personnes sourdes et malentendantes, chaque épisode de "J'aime Pas Ma Voix" est aussi disponible au format texte.

Néanmoins, les émotions et les intentions ne sont pas retranscrites, afin de laisser l'espace nécessaire à l'interprétation de chacun•e.

J'aimerais bien poser nu, devant l'objectif de quelqu'un, sans que ça soit un potentiel sujet de moqueries.
Enfin... Sans que ça soit un sujet tout court, en fait.

Alors oui, je sais que ça sort un peu de nulle part, comme ça, sans prévenir, mais je vous jure qu'il y a une raison à cela.
Il y en a même plusieurs.
Assez pour tenir plusieurs minutes ici, comme d'habitude.

Donc.

Pour la petite histoire, il y a quelques jours, j'ai pris mon courage et mon smartphone à deux mains pour envoyer un message privé à une fille modèle que je suis depuis plusieurs mois sur Instagram, pour lui demander si par le plus grand des hasards, elle voulait bien, elle aussi, me prêter sa voix.
Un message qui est resté lettre morte à ce jour, mais dans lequel je m'excusais (avec beaucoup trop de mots) de mon intrusion dans son intimité numérique, avant de lui expliquer que j'avais précédemment découvert son existence à travers une série de clichés pris par une photographe qui, comme elle, m'inspirait.

L'important ici, c'est que par prudence, je ne lui ai pas dit explicitement "J'ai vu ta série de photos de nues que tu as faites avec Marie" parce que j'avais peur qu'elle se dise "Allez ! Encore un quetard qui va me parler de mon corps comme d'un objet sexuel".

Non.
J'ai juste dit "J'ai vu tes photos prises avec Marie", pour que ça soit un non-sujet dans le cas présent, et parce que je venais simplement lui demander de me confier sa voix.

Et pourtant, pourtant...
Qu'elles sont belles, ces photos.

Parce que si je la suis elle, comme tant d'autres sur Instagram, c'est un peu parce que je veux ressentir par procuration l'idée d'être bien dans sa peau et dans son corps, quand on n'est pas dans - bordel, que je n'aime pas cette expression - "les standards de la beauté".

Quand on est trop mince, trop gros, trop grand, ou pas assez, etc.

J'adore suivre ces personnes qui font exactement le contraire, qui cherchent et trouvent une façon de rendre beaux leurs corps, leurs physiques, en les sublimant avec parfois trois fois rien, en étant eux et pas "la copie de".

Et puis je dis "ces personnes", mais je devrais exclusivement parler de "ces femmes", parce qu'à ce jour, je ne suis aucun modèle homme.
Ça ne m'intéresse pas, parce que, coucou les stéréotypes : ils sont tous les mêmes.

Autant tous les mois, on peut tomber sur un article parlant de la nouvelle influenceuse qualifiée honteusement de "hors-normes", mais "heureusement" avec plus d'un million de followers, autant je n'ai jamais croisé la route virtuelle d'un mec réputé pour son Dad Bod, sans que ça soit justement un compte parodique ou juste un objet de blagues.

Enfin... Peut-être qu'ils existent, ces non-mannequins qui ne jurent pas que par le CrossFit pour montrer à quel point ils sont puissants et virils, mais dans ce cas on n'en parle pas assez.

Et pour preuve, je pourrais aussi dire que par exemple, en recherchant comme très souvent sur Unsplash la photo libre de droits qui pourrait me servir de vignette à cet épisode en cours, je n'ai trouvé que des hommes sveltes et imberbes pour évoquer un tant soit peu l'idée de nudité masculine.
CQ Fucking D.

Enfin bref... Toujours est-il qu'au moment où j'écris ces lignes pour qu'elles soient répétées, moi, j'assume intérieurement mon corps en très grande partie parce que des femmes le font.
C'est comme ça, et ça me va très bien.

Et c'est ainsi que ce qui devait arriver arriva...

À force de voir tous ces clichés intimes dévoilés ici et là par celles qui sont parfois des amies proches, je me suis d'abord posé cette question peut-être idiote, à savoir si on pouvait sublimer un corps d'homme de la même façon qu'un corps de femme...
Si ça demandait d'utiliser les mêmes techniques, les mêmes angles, les mêmes ombres, la même distance pour préserver une même pudeur que manifestement, n'importe quelle dick pic ignore totalement.

Et c'est aussi un peu au milieu de toutes ces questions qu'à un moment dans ma vie de grand, je me suis dit qu'en fait, un jour, j'aimerais bien poser nu, sérieusement, devant une photographe patiente et compréhensive.

Pas pour qu'on m'aide à me réapproprier un corps qu'on ne m'a jamais volé ou qui se serait imposé malgré moi, mais pour véritablement aimer avec un grand "A" mon corps comme il est à l'instant T, vu de l'extérieur. Savoir ce que ça fait.

Et aussi pour me faire bousculer dans mes habitudes.
Pour qu'on m'invite à faire tomber mes barrières, que je lâche enfin prise et que je fasse vraiment confiance à quelqu'un d'autre pour me montrer qui je suis.

Parce qu'à ce jour, finalement, mes autoportraits se ressemblent tous. Parce qu'ils sont issus de ma zone de confort, même quand je me persuade de ne plus vraiment être dedans. Je m'aime bien parce que j'efface ce que je n'aime pas.

Alors qu'en fait, j'ai envie qu'un jour, quelqu'un me montre ce que je ne sais pas de moi.
Ça serait bien.

Mais pas aujourd'hui.
Pas encore.
Je n'ai pas envie que ça devienne un sujet de moqueries.
Ni un sujet tout court d'ailleurs.

Vraiment, cet épisode n'est pas un appel du pénis pour solliciter une séance gratuite chez une photographe qui laisserait traîner son oreille par ici.
C'est juste une multitude de pensées et de réflexions sur mon propre corps que je m'autorise du coup à dévoiler, en attendant de faire un pas de plus vers... moi et moi-même.

J'aimerais bien, quoi...

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