Épisode 009

Brenda Chenowith

17 novembre 2017

Vignette de l'épisode

"À chacun son 'Charlotte Light And Dark'..."

Parce que parfois, je ne trouve pas les mots, je parle souvent avec l'une des nombreuses images que j'ai dans un coin de ma tête. Ce qui explique pourquoi je regarde autant de séries et de films.

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Transcription

Afin de faciliter l'accès à ce podcast aux personnes sourdes et malentendantes, chaque épisode de "J'aime Pas Ma Voix" est aussi disponible au format texte.

Néanmoins, les émotions et les intentions ne sont pas retranscrites, afin de laisser l'espace nécessaire à l'interprétation de chacun•e.

Si je regarde autant de films et de séries, c'est en partie parce que je suis souvent à la recherche de ces moments un peu hors du temps, pendant lesquels je vois enfin en image ce que je n'arrivais pas, jusque là, à expliquer de façon simple et concise avec des mots.
Ces petites citations visuelles que je sortirai forcément une fois de temps en temps de mes archives émotionnelles, pour dire à n'importe qui, pendant une conversation enflammée, que comprendre "cette" scène, c'est un peu me comprendre moi aussi.

Par exemple, dans l'épisode 13 de la saison 08 d'How I Met Your Mother, lorsque Ted (le personnage principal) explique que la douleur ressentie à la lecture d'un texto particulier où il est question de son ex, c'est pour lui comme ressentir un million de fois toutes les autres douleurs physiques que le personnage a subi depuis le début de la série, et qu'on voit ainsi un montage accéléré de ces dernières à l'écran...
Ben moi, à ce moment-là, j'ai juste fait pause.
Et j'ai repensé à toutes ces fois où je me suis senti comme vide à l'annonce d'une nouvelle étape dans sa vie à "elle", L'Ex avec un grand E, quand moi, j'avais bien sûr à chaque fois cette impression désagréable de faire une fois de plus du surplace.

Idem.
Il y a eu ce jour où j'ai vu le premier épisode de la saison 2 de Better Call Saul, dans lequel Jim, cet antihéros désormais connu pour sa désarmante faculté à vite s'autodétruire émotionnellement, se retrouve seul dans un nouveau bureau, face à un interrupteur où il est explicitement inscrit qu'il ne faut pas y toucher...
... et que bien sûr, il s'empresse de l'actionner pour découvrir, un peu décontenancé, qu'il ne se passe finalement rien...
... ben moi encore, j'ai hurlé au génie des scénaristes d'avoir si bien raconté ces moments où l'interdit sonne finalement comme un réflexe qu'on ne veut surtout pas réfréner.
Et de me souvenir ainsi de toutes ces fois où j'ai volontairement pris des mauvaises décisions, juste pour me voir me débrouiller avec ça.

Mais enfin, et je vous jure que je ne raconte pas tout ça pour rien, il y a eu cette période où j'ai appris à connaître le personnage de Brenda Chenowith dans la très culte série "Six Feet Under".

Car de cette femme qui a l'intelligence de se savoir totalement dysfonctionnelle, je me souviens avoir aperçu et retenu, pendant la seconde saison, ce petit moment d'agacement qu'on devine chez elle, quand d'autres comprennent qu'elle est en fait l'héroïne d'un best-seller sorti quelques années auparavant, écrit par son psychiatre complètement subjugué par les troubles qu'elle semblait avoir développé.

Cet agacement donc, comme la partie visible d'une lassitude profondément ancrée à force de répétition quasi cyclique, d'en être arrivée une fois de plus à ce triste moment où ça y est, elle le sait, elle ne sera désormais plus "elle" aux yeux de la personne d'en face... mais de nouveau "la fille de ce bouquin qu'on adore lire et relire, et qu'on connait finalement depuis tant d'années".

Bref.
Tout ça pour dire que cet agacement, je l'ai ressenti un nombre incalculable de fois.
Pour diverses raisons.
Et surtout très récemment, à cause de ce podcast.

Ou plutôt, à cause de cette façon de croire qu'à lui seul, ce podcast devrait me définir complètement.
Qu'après l'écoute d'une petite anecdote, d'un souvenir d'enfance ou d'une confession, on puisse se dire que ça y est, il n'y a plus rien à découvrir, que tout est dit.
Qu'on me connait totalement.

Alors qu'évidemment, non.

Parce que si depuis plus d'une dizaine d'années, j'ai fait le choix de poster publiquement certains de mes moments de vie, que ça soit sur mon blog, Facebook, Instagram, Twitter ou en l'occurrence, dans ce podcast, ce n'est absolument pas pour qu'on puisse imaginer que je ne suis qu'uniquement le reflet de l'une de ces sources d'informations, ou même de l'ensemble.

Dans le même genre, dire au début de cette nouvelle histoire que j'ai souffert à cause d'une annonce concernant une ex, à un instant T de ma vie, ne veut absolument pas dire que je pense encore à elle tous les jours.

Ensuite, avouer que si parfois, j'ai volontairement fait des mauvais choix par le passé, ça ne veut pas non plus dire que je n'en ai majoritairement pas pris des bons, ni que je continue à faire n'importe quoi en ce moment.

Et je ne parle pas là de toutes ces fois où j'ai pu dire une chose un jour, puis peut-être son contraire le lendemain.
En fait, c'est justement parce que je ne parle pas de tout, volontairement ou non, que je ne veux pas être réduit à ce que je montre de moi.
En fait, tout ça, que ça soit public ou non, ce n'est qu'un contour, une vague idée de ce que je peux être ou non.

Et c'est d'ailleurs aussi pour ça que dans ce podcast, chaque épisode est finalement lu par une voix différente : chacune d'entre elles n'est qu'un aspect de mon histoire.
Pas son intégralité.

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