Épisode 010

"Je ne suis pas ton psy..."

01 décembre 2017

Vignette de l'épisode

"Bonjour la #TeamDeNuit..."

Certains vous diront que je ne dors jamais.
Certains vous diront que je me plains tout le temps.
Certains vous diront que je passe ma vie sur Twitter.

Alors les trois en même temps...

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Transcription

Afin de faciliter l'accès à ce podcast aux personnes sourdes et malentendantes, chaque épisode de "J'aime Pas Ma Voix" est aussi disponible au format texte.

Néanmoins, les émotions et les intentions ne sont pas retranscrites, afin de laisser l'espace nécessaire à l'interprétation de chacun•e.

Je sors actuellement d'une année très compliquée émotionnellement parlant.

Pour la faire courte, et même si c'est un peu un crève-coeur de simplifier les choses comme ça (au point d'en tordre la réalité), depuis novembre dernier :

- j'ai coupé les ponts avec un ami qui m'a trahi et fait mine de ne toujours pas le comprendre,
- je me suis laissé manipuler par ma copine instable qui a visiblement tout fait pour que je la quitte,
- et j'ai acté le fait que j'avais perdu depuis des mois l'une de mes meilleures amies, en agissant par pur égoïsme à un moment où j'avais l'impression d'y avoir droit après ces 12 derniers mois.

Pourtant, je suis assez surpris de ne pas avoir parlé pendant des mois de mon mal-être, la nuit sur Twitter.
Attention. Je ne dis pas que je ne l'ai pas fait.
Je dis juste que je l'ai "moins" fait.
Nuance.

Avant, j'avais pour habitude de le faire sans aucune gêne.
Sans contrainte.

Et d'ailleurs, il y a 3 ans, j'avais même créé un compte juste pour ça.

Ainsi, le 21 août 2014, à minuit pile, je disais sur une longue série de tweets, à peu près ça :

"Bonjour la #TeamDeNuit.

Soyons clairs dès le départ. Ce nouveau compte, c’est un défouloir. Un espace que je m’accorde pour pouvoir dire ce que je veux.
Et quand je veux.
Enfin, la nuit quoi.

C’est pire qu’un "Mes tweets n’engagent que moi" en fait.

Et c’est assez bizarre de créer un compte juste pour ça.
Mais finalement, au moins, si vous tombez dessus, vous saurez à quoi vous attendre.

Bon.
Je ne sais plus si je l’ai déjà dit avec mon compte principal, mais il y a des événements banals qui, mine de rien, me marquent…

Et par "banal", j’entends "des trucs qui ne sont pas censés créer une réaction", contrairement aux événements "importants" d’une vie.

Par exemple, en septembre 2012, pendant l'un des épisodes de Nawaak (mon podcast de l'époque), j’étais en train d'écouter l'auteur et comédien Davy Mourier, qui parlait entre autres de son blog, de ses nombreux articles dessus...

... Et voilà qu'à un moment, juste comme ça, je me souviens l'avoir entendu dire "ce" truc qui est resté gravé là, quelque part dans un coin de ma tête :

"Je ne comprends pas que les gens puissent avoir des secrets"

Sur le coup, honnêtement, j’ai pas vraiment compris.
Bien sûr qu’il faut en avoir des secrets.
C’est même sain, non ?

Au-delà de ça, la discussion avec Davy portait surtout sur le fait qu’il se permettait de tout dire sur son blog, et qu’on lui reprochait...

Et ce qui est donc drôle aujourd’hui, c’est que moi, je crée ce nouveau compte Twitter parce que justement, certains me reprochaient mes quelques crises nocturnes.

Alors qu'en fait, elles m’aident, moi, ces petites séances de digressions.
Je verbalise des trucs que je n’arrive pas à structurer autrement.
Parce que, soyons honnêtes, c’est quand même très compliqué de se faire une conversation interne, avec les pour, les contre, les "oui mais", etc...

Alors que quand je l’écris, comme ça me vient...
Au moins, je sais directement que c’est "ça"…

Le résultat.
La réponse.
Peu importe ce que c'est.

Donc voilà.
Moi, au lieu de gueuler dans un coussin ou de payer un psy, je tweete.

Et je le fais aussi parce que j'ai la prétention de croire que, fucked up comme on l’est tous sans vraiment se l’avouer, ça peut aussi déclencher des trucs chez vous.
Oui.
Vous, là.

Parce que, mine de rien, même dans mes phases les plus sombres, quand quelqu’un vient me dire qu’il m’a lu, mais que surtout, ça lui a permis de mettre des mots sur ses propres soucis, je me dis que j’ai été utile, ne serait-ce que pour une personne parmi tant d'autres.
Et sincèrement, je ne crache pas du tout sur cette idée.

Donc bon, si en exposant parfois mon mal-être, je peux aussi aider à ce que d'autres aillent mieux, je n’ai aucun problème avec ça.

Et de toute façon, l’inverse est aussi vrai.
Quand moi, je tombe sur un tweet de détresse, généralement, je remonte ma timeline pour en connaitre la cause.

Alors certes, très souvent, je n’interviens pas, par pudeur, ou peur de faire plus de mal que de bien avec une suite de mots malheureux.
Mais toujours est-il que voir l'autre dire que ça ne va pas, ça déclenche forcément une réaction aussi chez moi.

Si telle personne pense ça, qu’est-ce que moi, je ferais à sa place ?
Hein ?
...
...
...

Ceci explique aussi pourquoi ça me fait mal quand les gens profitent de ce genre de moment de vérité pour se dire "Ouaw, ça va trop loin là, je l’unfollowe".

Alors oui, bon... je sais : Suivre un compte Twitter, c’est s’attendre à avoir du contenu qui nous correspond.
Mais bon...
Cette façon de rejeter l’idée que parfois, les gens puissent aller mal, juste en détournant le regard, ça me gêne.

En fait, pour vous donner une image un peu sortie de son contexte, mais applicable plus ou moins ici, sachez que je connais actuellement une mère qui se met des oeillères vis-à-vis de l’homosexualité de son fils.
Mais vraiment, quoi.
Du genre à dire à tout le monde que son fils à une copine quand en fait, il a un nouveau chéri.

Personne n’est dupe, mais personne ne dit rien.
Et elle, heureuse de ses faits alternatifs, elle s’enferme dans sa vérité.
Rien ne doit venir briser cette illusion.

Et parfois, Twitter, ça me fait penser à ça.
S'obstiner à croire que tout le monde va bien, que tout est cool, et si ça sort de cette image, on se ment en unfollowant la personne qui gâche le paysage.

En plus, il y aura toujours "cette personne" pour te dire que Twitter, ce n’est pas la vraie vie.

Sauf que rien que cette façon de voir les choses est bancale.
Twitter, qu'on le veuille ou non, c’est une partie de la vie de ceux qui y sont.
Tout comme le boulot, les activités de loisirs, les passions, etc...

D'ailleurs, il y a surtout un truc que les gens ne veulent pas comprendre, c’est que Twitter (et les autres réseaux sociaux) crée aussi de la proximité immédiate.

Dire un truc sur Twitter, c’est aussi la possibilité d’atteindre en une fois plus de monde qu’en appelant ses amis un à un au téléphone.
Et puis, c’est plus simple aussi.
Formuler un "ça ne va pas trop aujourd’hui", comme ça, jeter en l’air, c’est faisable.

Par contre (et c’est du vécu), quand tu envoies un texto à tes potes et qu’il ne te répondent pas, parce que bien évidemment (et je ne dis ça sans aucun reproche), ils ont leurs vie et qu'ils sont sûrement occupés, ben ce n'est pas simple à gérer.

Ainsi, et c'est important de le préciser, je n’attends pas forcement de Twitter qu’il me sauve quand je déclare mon mal-être.

Une fois de plus, comme je l'ai dit plus tôt, je ne fais que le verbaliser.
Et je m’expose finalement moins aux blessures.

Voilà."

Retour en 2017.
Aujourd'hui donc, je tweete moins souvent mes problèmes.

Parce que j'ai souvent entendu des gens dire que les gens qui se livraient à ce genre d'envolées n'étaient que des Drama Queen.
Que tout le monde avait ses problèmes.
Et que tout le monde ne les exposait pas sur la place publique.
Qu'il fallait savoir se tenir un peu, de prendre sur soi.

Et puis aussi, merde, "je ne suis pas ton psy".

Ben non.
Bien évidemment que tu n'es pas mon psy.
Je ne t'ai jamais demandé de l'être.

Bon, en disant ça, tu ne m'aides pas du tout.
Mais ce n’est pas grave, comme tu le dis, je vais prendre sur moi.
Parce que, crois-le ou non, je prends beaucoup plus sur moi que tu ne l'imagines.
Ce que j'expose là, c'est vraiment les quelques gouttes qui débordent, rien de plus.

Mais sache qu'avec ta réflexion inutile, tu m'as juste donné envie d'écouter encore plus ces gens, inconnus ou non, qui se livrent, eux.
Merci.
Merci à toutes ces personnes.
Merci à elles, qui ne cachent pas leurs maux.
Peu importe comme ça s'écrit.

C'est plutôt grâce à vous que je me dis que ça va allait.
Que ce n'est pas si grave.
Que j'ai le droit de parfois, de poser un genou à terre, reprendre mon souffle, et repartir avec un début de sourire.

C'est grâce à vous que ce podcast existe.
Et j'espère qu'il vous sera utile.

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